L’agence spatiale européenne finance la recherche sur les risques liés aux systèmes de positionnement par satellite.

Nous avons déjà parlé à plusieurs reprises : les risques liés aux systèmes de positionnement et de suivi des navires par satellites sont nombreux. C’est dans ce cadre que l’Agence spatiale européenne (European Space Agency, ESA) a annoncé récemment financer une étude de faisabilité sur le développement d’une solution pour la sécurisation de ces systèmes.

L’ESA a passé un contrat avec la société suisse CYSEC SA pour identifier les solutions qui permettraient de sécuriser les services de suivi et de positionnement par satellite pour le monde maritime. Les risques, qui passent essentiellement par le leurrage et le brouillage de systèmes de positionnement par satellite (GNSS), comme nous l’avions vu ici. C’est parfois moins connu, mais les données AIS (Automatic Identification System) peuvent également transiter par satellite. On parle alors de S-AIS ou SAT-AIS. Il suffit de regarder, par exemple sur Marine Traffic, le nombre de positions AIS reçues par satellite pour en être convaincu.

Les données issues de l’AIS et les signaux GNSS reçus par satellite sont indispensables pour permettre aux navires d’aujourd’hui et de demain de naviguer en toute sécurité, notamment dans les détroits et les zones dangereuses. Elles le sont également pour les armateurs, les assureurs et les autorités à terre qui les exploitent à des fins de suivi d’activité et de détection d’anomalie et de secours en mer. Pour autant, le nombre d’incidents de brouillage et de leurrage GNSS augmente fortement au cours des années, ce constat ayant récemment poussé les Etats-Unis à le porter à l’attention de l’Organisation Maritime Internationale (OMI).

L’objectif de l’étude est donc de travailler à la fois sur la sécurité GNSS et celle du lien S-AIS. Je referai un article sur le sujet si les compte-rendus de l’étude sont publics. Nul doute qu’on y verra (espérons !) de la cryptographie sous toutes ses formes, de la mesure de qualité des capteurs et de la détection d’anomalies !

Les systèmes de la marétique

Dans cet article, je vous détaille un peu plus ce qu’est un système marétique, en essayant de les classer au mieux.

Tout d’abord, l’appellation marétique, comme nous l’avons vu précédemment, peut concerner différentes infrastructures :

  • les navires :
    • marine marchande
    • navires de combat
    • navires de plaisance
    • navire de pêche
    • navires de recherche scientifique / hydro-océanographique / halieutique
    • péniches
  • les ports et infrastructures navales :
    • systèmes de débarquement / embarquement de containers, smartports, systèmes logistiques
    • Port et Cargo Community Systems
    • grues et portiques
    • systèmes de gestion de bassins
    • écluses
    • pipelines
  • les autres installations à terre :
    • marétique des sémaphores, CROSS, centres de commandement et de gestion des navires
  • les installations offshore :
    • plateformes de forage
    • Énergies Marines Renouvelables (EMR) : éoliennes, hydroliennes…

Ensuite, pour faciliter la compréhension, j’ai tendance à séparer les systèmes en deux grandes familles : les systèmes d’information de type “IT” (Information Technology) qui sont finalement assez communs avec ce que l’on peut trouver dans d’autres domaines, et ceux de type “OT” (Operational Technology), qui sont, pour simplifier, ce qu’on pourrait qualifier de “système métier”, plutôt spécifique au monde de la marétique.

Exemples de systèmes de la marétique que l’on peut qualifier d’IT :

  • Wi-Fi embarqué
  • VoIP et autocommutateurs
  • Systèmes de distraction (réception et distribution TV, Internet…)
  • Systèmes de vidéoprotection (CCTV, Closed Circuit TeleVision)

Exemples de systèmes spécifiques de la marétique que l’on peut qualifier d’OT :

  • Systèmes de navigation électronique (ECDIS, Electronic Chart Display and Information System), radars
  • Systèmes de positionnement (GPS, Global Positioning System ou plus précisément et plus largement GNSS, Global Navigation Satellite System) et de communication (AIS, Automatic Identification System, VMS, Vessel Monitoring System, SSAS, communications par satellite…)
  • Systèmes météorologiques et environnementaux
  • Systèmes de contrôle-commande industriels : propulsion, énergie, surveillance, hydroliennes, propulsion dynamique
  • Outils de gestion et de contrôle du trafic maritime et des cargaisons
  • Systèmes militaires spécifiques : systèmes de combat…

Bien entendu, comme dans d’autres domaines, le périmètre et la définition peut être floue : ces systèmes sont de plus en plus fréquemment interconnectés. La marétique comprend donc l’ensemble des équipements (serveurs, postes clients, automates, réseau, applications…) constitutifs du système d’information.

Un ECDIS à bord d’un navire marchand (By Hervé Cozanet (http://www.marine-marchande.net/) [GFDL (http://www.gnu.org/copyleft/fdl.html), via Wikimedia Commons)

Et le futur, ce sont les navires autonomes. Je vous donne plus d’informations ici sur ce sujet.

Dans le prochain article, je vous détaille les spécificités de ces systèmes.