Le Centre d’études supérieures de la Marine nationale (CESM) propose dans sa revue “Études marines – Stratégie” n°17 (page 82) un article de Nicolas Mazzucchi, docteur et chargé de recherches à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS) intitulé “Le cyber, domaine particulier de la pensée navale”.
Dans cet article, l’auteur rappelle que, si la prise en compte du sujet par la communauté maritime a été relativement tardive, la question de la cybersécurité des navires et des ports est de plus en plus fréquemment traitée lors de différentes conférences, soulignant l’importance de ce sujet stratégique face à la numérisation progressive du secteur, que l’on parle de navires civils ou militaires.
Au niveau militaire, cette question est, d’après l’auteur, renforcée par le besoin important de capacités de combat en réseau. Il est vrai que, même si on en parlait déjà dans les années 90 (C3, C4), l’augmentation des débits satellite et de la connectivité a permis de répondre à un véritable enjeu de communication, que ce soit au sein d’un groupe constitué (comme le groupe aéronaval) que vers les flottes alliées ou les état-majors à terre, offrant de nouvelles capacités militaires… tout en ajoutant de nouvelles menaces.
On associe donc le cyber, au sens large, à un nouveau domaine de lutte transverse qui irrigue le milieu maritime et ses autres milieux (physiques, quant à eux : sous la mer, sur la mer, au-dessus de la mer, espace), mais aussi à un semble de technologies permettant une mutation assez inédite du secteur, y compris vers le futur et l’arrivée des navires autonomes.
L’auteur aborde ensuite sur le navire sous l’angle d’un “système d’information complexe multi-capteurs, sorte d’usine connectée sur mer”, où se rejoignent systèmes de communication, systèmes de combat, capteurs et actionneurs, la composante numérique apportant également de nouveaux aspects intéressants, comme la maintenance prédictive, facilitée par l’augmentation du nombre de données disponibles, y compris sur des installations cyber-physiques.
Une projection dans le futur est ensuite réalisée, avec l’arrivée des nouveaux capteurs et actionneurs déportés, apportés par les nouvelles générations de véhicules autonomes de surface, sous-marins, ou aériens, qui seront un atout capacitaire indéniable dans la projection de force et le renseignement.
Enfin, l’auteur insiste sur les risques liés à la multiplication de nouveaux protocoles et systèmes, qui peuvent venir contrecarrer ces nouvelles capacités, à l’obsolescence “programmée” et au maintien en conditions de sécurité complexes et sur la possibilité d’une fusion des domaines cyber et guerre électronique au niveau tactique naval.