Les États-Unis se plaignent auprès de l’Organisation Maritime Internationale de l’explosion du nombre de perturbations des signaux de positionnement par satellite.

Je vous en ai parlé à plusieurs reprises : les signaux GPS (et GNSS au sens large) sont essentiels au fonctionnement quotidien en sécurité du monde maritime. J’ai évoqué avec vous les risques liés au leurrage ou brouillage de ces signaux, les risques particuliers liés aux véhicules maritimes autonomes, ainsi que de quelques exemples, notamment dans le Golfe Persique.

Le 10 mars 2020, les États-Unis ont fait connaître auprès du Maritime Safety Commitee de l’Organisation Maritime Internationale (OMI/IMO) leurs préoccupations sur la multiplication des perturbation des signaux GPS et GNSS. Le document demande à l’OMI et statuer de manière urgente sur les cas de brouillage et de leurrage qui met en danger la sécurité des navires et des marins en mer. Après avoir rappelé les cas intentionnels connus en mer Noire et en Méditerranée orientale de 2016 à 2018 (suivez mon regard…) ayant impacté la navigation en eaux internationales et dans des zones de fort transit maritime, le document souligne le caractère presque systématique de ces cas de leurrage/brouillage. Il s’appuie pour cela sur des recherches ayant montré que, sur une année, chaque transit d’un cargo entre l’Europe et l’Asie du Sud-est permettait d’identifier la survenue d’au-moins un cas d’interférence GNSS.

Ces brouillages intentionnels contreviennent aux conventions internationales, notamment l’International Telecommunication Union Radio Regulation 19.2, qui stipule que toute transmission dont la source est fausse ou trompeuse sont interdites.

En réponse, les États-Unis demandent à l’OMI d’émettre une circulaire :

  • rappelant aux états membres de l’OMI de ne pas commettre ce type d’opération, sauf quand cela est nécessaire pour des raisons de sécurité,
  • demandant aux états membres de prendre les actions nécessaire dans la prévention de ces interférences sur les satellites GNSS et de prévenir les marins des périodes et zones impactées par ces interférences.

Bon, en plus d’une circulaire, on espère surtout que les moyens de prévention (par exemple mais pas uniquement les antennes CRPA..), de détection et de résilience deviendront obligatoires à bord des navires.

Références

Je partage avec vous quelques références intéressantes. Non pas MES références, mais des pointeurs vers quelques sites et documents intéressants sur le sujet. C’est un travail de longue haleine, donc il manque encore sûrement plein de choses.

Thème “réglementation et bonnes pratiques” :

Thème “certification”

Thème “recherche” :

  • Chaire de cyberdéfense des systèmes navals (École navale, Brest, France) : la chaire est issue d’un partenariat entre l’École navale, Thalès, Naval Group et l’IMT (Institut Mines-Télécom). Elle accueille une douzaine de doctorants qui travaillent sur des sujets assez larges: la sécurité des capteurs et des automates, le maintien en conditions de sécurité ou encore les questions de visualisation et d’analyse de la menace.
  • Maritime Cyber Threats Group (University of Plymouth, Royaume-Uni) : ce groupe de recherche a pour objectifs de développer la connaissance des vulnérabilités et risques du secteur maritime. Il travaille sur différents sujets, comme l’aide à la décision, les risques liés aux vulnérabilités des chaînes logistiques, la cybersécurité des navires autonomes, ou encore la composante “humaine” (sensibilisation, entraînements, aspects psychologiques).
  • Cybersecurity incident data reporting for autonomous ships, par Petteri Vistiaho (Tampere University of Technology)
  • A l’été 2013, des chercheurs de l’Université du Texas ont conduit les premières expérimentations de spoofing GPS sur un yacht de luxe.

Thème “conférences”

Thème “rapports” / blogs / vulnérabilités

Vidéos de sensibilisation

J’ai regroupé la plupart des vidéos sur une playlist Youtube dédiée :